Sandrine

Des histoires

Au gré de mes rencontres…

 

Cette histoire est avant tout une histoire de bienveillance. Une magnifique rencontre entre une jeune association et une femme meurtrie dans son corps et dans son âme. Une histoire de reconstruction après un cancer du sein et une interruption médicale de grossesse. Une histoire de body painting, de photographies et d’estime de soi. C’est une histoire de réconcilliation personnelle. C’est en quelque sorte l’histoire d’une renaissance.

Projet Diwali

par | 25 Oct 2019 | 0 commentaires

Une histoire – La mienne

Fin 2018. Soit :huit ans après une lourde épreuve. Deux ans après la fin des traitements lourds (tumorectomie, chimiothérapie et thomotérapie) pour traiter un cancer du sein. Un an après une annexectomie suivie d’une mastectomie bilatérale (sans reconstruction) je fais face à une dépression.

Je ne m’aime déjà plus depuis longtemps mais en cette fin 2018 je ne me reconnais plus physiquement, moralement, intellectuellement et même émotionnellement. Mes formes ne sont plus les mêmes. De vilaines cicatrices ont remplacé mes seins. Mes traitements passés et actuels m’ont entre autre laissé des kilos superflu, des cernes, des rides, des soucis de mémoire et de concentration, un lymphoedème, des neuropathies chimo-induites, de nombreuses douleurs. Je ne contrôle plus mes émotions suite aux bouleversements hormonaux de l’hormonothérapie (pour éviter au max une récidive) et de mon annexectomie prophylactique (suite à une anomalie génétique). Je ne sais plus ce que je veux. Que ce soit sur le plan familial, professionnel, ou même dans la vie en général. Le cancer a tout boulversé: mon corps, mon esprit, mes perpectives, mes valeurs… Bref, en plus de ne plus savoir qui je suis, je me prend le boomerang de ces 10 dernières années dans la tronche. Moi qui était solide, je suis devenue fragile et je n’arrive plus à gérer cela.

Et puis un jour, mon urgence à vivre me fait prendre conscience que j’ai le choix, m’enfoncer dans la dépression ou demander de l’aide pour m’en sortir. Alors je me prends en main. Je m’inscris dans une salle de sport. Je médite de plus en plus. J’entame une psychothérapie. Je consulte une diététicienne et une nouvelle kinésithérapeute. Je décide d’aller mieux et de prendre toute l’aide que l’on me donnera, moi qui en ai si peu l’habitude.

Un moment, une rencontre – L’association Diwali

C’est donc dans ces conditions, au moment où j’essaye de sortir de cette dépression, que mon amie Claire et sa toute nouvelle association Diwali me proposent de participer à un projet artistique autour de l’estime de soi. Je suis vraiment touchée de cette attention qui arrive comme qui dirait au bon moment… J’accepte alors cette main tendue.

Un projet – autour de l’estime de soi

L’association Diwali est donc là pour accompagner des personnes sur un travail global autour de l’image, l’estime et la confiance en soi. L’association est composée d’une socio-esthéticienne & maquilleuse professionnelle; d’un photographe; d’une praticienne en hypnose, PNL, l’EFT, ou Access bar; et pour ce projet d’une étudiante en anthropologie. L’association a commencé par me demander de rédiger un texte sur mon vécu, mes goûts ou mes attentes. Puis elle est partie de ce texte 1 pour élaborer une idée de body painting. Cette idée m’a été présenté lors d’une séance photo habillée destinée à me familiariser avec le photographe et son appareil. Nous en avons discuté tous ensemble, j’ai apporté quelques demandes particulières Puis quelques semaines plus tard nous nous sommes réunis pour la séance de body painting et la séance photo. Je suis ensuite rentrée chez moi couverte du body painting après 8h00 intenses. C’est alors que j’ai écrit le texte n°2. Puis, quelques mois après, l’association m’a présenté les photos et j’ai écrit le texte n°3 ainsi que les petits textes accompagnant les photos que j’ai retenues. Je tiens à préciser que j’ai été très bien accompagnée durant tout le projet par Claire et Emilie (séances d’hypnoses, relaxation, téléphone, messagerie…) et même ma psy.

L’importance du projet – dans ma reconstruction

Je peux dire aujourd’hui que ce projet a eu une très très grande importance dans ma reconstruction. Grâce à l’association Diwali et à ma psy j’ai pu mené un travail sur moi qui m’a permis de m’en sortir. Aujourd’hui je vais très bien malgré les aléas de la vie qui continuent (après avoir failli perdre la vie fin Août, mon conjoint révèle une cardiomyopathie avec tout ce que cela implique: insuffisance cardiaque…) Pourtant, malgré cette nouvelle épreuve, je me sens forte et je ne me suis jamais sentie aussi en phase avec moi-même. C’est pour cela que j’ai la joie de partager avec vous ce projet qui me tient tellement à cœur. J’espère que vous l’accueillerez avec autant de bienveillance que celle dont a fait part toute l’équipe de Diwali.
Merci à :

  • Claire Ogrodowski , socio-esthéticienne et maquilleuse professionnelle [Lien page facebook]
  • Emy Lee, hypnotherapeute
[Lien page facebook]
  • Nicko Las, photographe
  • Charlène Boué, anthropologue et estéticinenne.

Vous resterez à jamais dans mon cœur pour m’avoir offert ces jolis moments et cette formidable opportunité de renouer avec moi-même.

Texte n°1 – En amont du body painting

Des jours que je suis face à cette page blanche, moi qui aime tant écrire…
Pas facile de comprendre que l’on puisse susciter de l’intérêt.
Pas facile de parler de soi et de ses fêlures les plus intimes.
Pas facile de raconter un bout de son histoire.
Pas facile d’écrire ces quelques lignes quand on sait qu’elles doivent initier un
projet artistique.

as facile d’Imaginer que l’on puisse faire du beau avec du laid…

Il y a quelques temps j’aurais pu raconter mon histoire en me limitant à « Sandrine, 43ans, Toulouse, RAS »

Mais parce qu’il faut savoir se dépasser.
Parce qu’il faut savoir faire confiance.
Parce qu’il faut aussi croire en la magie des rencontres.
Je me lance…

Mon histoire démarre il y a plus de 43 ans quand les gènes de mon père rencontrent ceux de ma mère. Ces gènes qui nous définissent sont à la fois nos points communs et nos différences. Parfois il suffit d’un mauvais gène pour voir sa vie basculer. Chez moi elle a basculée 2 fois. Et je ne peux m’empêcher de penser que l’une est sans doute la conséquence de l’autre. Mes 2 fêlures sont reliées entre elles comme le sont deux bruns d’adn. Curieux quand on y pense… Moi qui ai failli m’orienter vers des études de génétique, la génétique m’a finalement rattrapé.

La première fois, ma vie bascule à 35 ans, à l’âge de la maternité. A ce moment là, mon conjoint (depuis 15ans) et moi avons confiance en la vie, confiance en notre bonne étoile, confiance en l’avenir. En effet le gène défectueux de celui-ci, même s’il nous pourrit la vie, ne s’exprime que dans sa forme la moins grave… Nous prenons alors le risque d’une grossesse, espérant que notre amour soit plus fort que ce mauvais gène. Malheureusement, ce que nous redoutions arrive. Les résultats des tests génétiques, réalisés sur notre enfant en devenir, nous oblige à prendre la décision la plus douloureuse de notre vie. Notre enfant ne verra pas le jour, emportant avec lui nos rêves, notre innocence et notre possibilité d’être parents. Une blessure qui ne se refermera jamais…

La seconde fois, ma vie bascule à 40 ans, au moment où je reprend enfin goût à la vie. Et comme si je n’en avait pas le droit, je suis frappée par un cancer du sein et des ganglions en même temps que ma propre maman. Persuadée que le traumatisme de mettre fin à ma grossesse et les changements hormonaux en sont la cause, je prends cette nouvelle comme une fatalité, une sorte de punition pour avoir mis fin au devenir de mon enfant. Mon cancer est assez méchant pour m’infliger la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie ainsi que l’hormonothérapie et son lot d’effets secondaires dont certains perdurent encore aujourd’hui. Je fais face à tout cela en me battant contre moi même et contre ma grande solitude. A cette même période j’apprends que je suis porteuse d’une mutation génétique me prédisposant au cancer du sein, des ovaires et peut-être même de l’utérus. Je prends alors la difficile décision de me séparer de mes ovaires et de mes seins pour diminuer les risques d’un nouveau cancer. Je ne souhaite pas me faire reconstruire et ai du mal à faire entendre ma décision aux médecins. Même pour cela il faut que je me batte. Leur faire comprendre que je veux en finir avec les hôpitaux et les soins. Que tout à mon image, je préfère un torse plat à des faux semblants. Que de mes décisions ce n’est pas la plus difficile…

Aujourd’hui, même si j’ai l’impression d’avoir payé ma dette, il n’est pas toujours facile de vivre avec mes choix. Difficile de se regarder dans le miroir, difficile de se regarder en face, difficile de s’accepter. J’aimerais parfois être un papillon pour me défaire de ce vilain corps, de cette sensation tenace de ne plus être une femme. De m’alléger de ce fardeau du passé et de cet avenir incertain. Je donnerai cher pour retrouver ma légèreté.

Je pourrais ne retenir de ces épreuves que ce dont elles me privent. A savoir mon enfant, l’ensemble de mes caractères féminins (la maternité, mes seins, mes ovaires, mes hormones), mon insouciance, ma jeunesse… Mais je sais que la vie est courte car j’ai touché de prêt ma date de péremption. Je n’ai pas le temps de m’embarrasser du poids du passé ou des incertitudes de l’avenir. La vie c’est maintenant! Elle est faite d’évènements et de choix qu’il ne sert à rien de regretter. Je préfère aller de l’avant et apprendre à apprivoiser ce nouveau moi. Alors je médite, je travail mon développement personnel, je m’ouvre et me tourne d’avantage vers les autres. Je me concentre sur le positif, sur ce que ces épreuves, ces blessures m’ont apporté. Je suis plus forte, je suis résiliante, j’ai revu mes priorité, je profite de la vie et redécouvre des tas de choses et puis je fais de si belles rencontres…

Et finalement je comprends que ce ne sont pas nos gènes qui nous définissent, ils nous programme tout au plus. On se définit par rapport à ce que l’on fait, par nos actes, par notre coeur. Alors s’écouter, prendre soin de soi, apprendre, grandir, vivre pleinement, en harmonie avec son moi intérieur permet d’offrir aux autres le meilleurs de soi-même. Je suis convaincue que chacun d’entre nous a en soi la capacité de vivre heureux, et ce, quelque soit son parcours. Nous avons tous des blessures qui, quoiqu’on en dise, participent à notre construction. Les plus grandes barrières sont souvent celles que l’on s’infligent. Aussi, participer à ce projet est une façon de faire tomber les miennes. Prendre la main que l’on me tend pour me montrer une autre image de moi-même…

Crédit Photo: Nicolas de l’association Diwali

Quand je regarde cette photo, ou plutôt ce tableau c‘est toute mon histoire que je regarde. Et aujourd’hui, grâce à ce projet je n’en ai plus honte. Aujourd’hui je m’accepte comme je suis. Avec mon passé, mes choix, mes formes, mes cicatrices…

Texte n°2 – Le soir du body painting

Ce soir je ne fais plus face à une page blanche.
Ce soir je fais face à un miroir.

Et c’est d’ailleurs en le regardant que je vous écris…

Parce que devant les autres je suis en mode « contrôle »,
 je m’autorise, dans l’intimité de ma salle de bain, à me laisser aller.

Des heures que je suis rentrée de cette magnifique journée.
Des heures que je me regarde face au miroir.
Des heures que je relâche le trop plein d’émotions.

Des heures que je m’observe.

Des heures que j’admire cette fabuleuse peinture.
Des heures que je scrute chaque parcelle de mon buste.

Des heures que je cherche mes cicatrices.
Des heures que je ne les vois plus!

Quelle sensation bizarre. Ce n’est plus moi mais en même temps c’est tellement moi… Parce que derrière chaque coup de pinceau il y a mon histoire.
Je n’aurais jamais cru que l’on puisse faire aussi beau avec autant de laid… et pourtant… Ces branches qui se confondent avec mes vilaines cicatrices.
Ce tableau tout entier qui vient interpréter mes fêlures d’une si jolie manière.
Ce regard nouveau que je porte aujourd’hui sur moi et mon histoire.

Et tout cela grâce à vous. Grâce à vos talents Grâce à votre bienveillance. Grâce à votre doux regard sur moi.

Pour la première fois depuis longtemps, je dirais même peut être de toute ma vie, je me sent belle. Belle à travers votre regard. Mais aussi à travers celui de mon conjoint où j’ai pu apercevoir une étoile que je croyais à jamais éteinte. Vous venez de balayer, du revers de votre main altruiste, tout ces moments de doutes où je me trouvais si moche de l’intérieure, de l’extérieur et si seule. En effet, en me mettant au centre de votre projet, en m’écoutant, en comprenant mon texte, en m’accordant de votre temps, vous m’avez donné de l’importance. Et j’ai ainsi eu l’impression de valoir encore un peu quelque chose…

Mais voilà, tout les bons moments ont une fin et il me faut maintenant laver mon corps de cette peinture. Et mes larmes coulent de plus belle… A mesure que je regarde l’eau emporter les couleurs, je me libère du poids du passé. J’ai l’impression que cette eau, en effaçant mon histoire, m’en délivre. C’est une sensation incroyable que j’aurais bien voulu partager avec vous afin que vous mesuriez la puissance de votre acte. Décidément cette journée (et cette nuit) auront été riches en surprises et émotions. Dire que la veille, il y a 3 ans, on m’apprenait mon cancer… Alors, je regarde cette eau mêlée de peinture, comme je regarderais en arrière, et je mesure le chemin parcouru…

Ce soir j’ai envie de dire que je viens de clore un chapitre douloureux de ma vie. Mais qu’il me reste encore de jolis chapitres à écrire, ceux du reste de ma vie. Et il n’y a pas de plus belle manière que de les commencer en vous disant « MERCI » Et si les moments de doutes reviennent, j’aurais toujours les superbes photos pour me rappeler que j’ai été belle, ne serait-ce, qu’une journée. Mais quelle superbe journée!

Ce soir je me dis que je n’ai pas à avoir honte de mon histoire, de mon passé, de ce que j’ai été et de ce que je suis. Aussi, je vous laisse faire usage des photos (même celles à visage découvert) et de l’intégralité des textes comme bon vous semblera. J’espère ainsi que ces publications aideront d’autres personnes comme moi à oser franchir le pas et à faire confiance à votre super équipe.

Charlène, Claire, Emilie, Nicolas, du fond de mon cœur « MERCI »

PS : Heureusement que j’écris depuis mon clavier car ma page aurait été toute trempée…

 

Crédit Photo : Nicolas de l’association Diwali

Cette peinture est extraordinaire à plus d’un titre. Je ne cherche plus mes seins mais mes cicatrices. Je ne les vois plus. Cet arbre de vie les a recouvertes. La couleur a rempli le vide. Le beau a remplacé le laid. Et moi je souris de nouveau à la vie. En me montrant cette autre image de moi-même l’association Diwali m’a réconcilié avec moi-même et m’a redonné de la légèreté.

Texte n°3 – Quelques mois après le body painting

Cela fait maintenant quelques mois que je vous ai fait confiance.

Quelques mois que je me suis mise à nue devant vous, dans tout les sens du terme.
Quelques mois que j’ai entamé avec vous ma reconstruction.

Quelques mois que le regard que je me porte moi-même change.

Vous m’avez aidé à lâcher prise et à me libérer.
Vous avez gommé mes cicatrices. Aussi bien celles de mon corps que celles de mon âme.
Aujourd’hui je me sens forte.
Aujourd’hui j’ai confiance en moi.
Aujourd’hui je m’assume.
Aujourd’hui je n’ai plus peur du regard de l’autre.

J’ai retrouvé ma légèreté depuis que la peinture s’est mêlée à l’eau. Je ne regarde plus en arrière. Je vais de l’avant. Et ce, malgré cette nouvelle épreuve qui nous tombe dessus. J’ai maintenant de la force pour deux.

Je vous serais à jamais reconnaissante de votre bienveillance à mon égard. Et en ce mois d’Octobre Rose, il est temps pour vous de présenter votre formidable association au grand public. Les photos de ce projet et les textes associés vont maintenant être publiés sur les réseaux sociaux. Je n’ai bizarrement aucune appréhension car finalement le regard le plus important c’est bien celui que l’on se porte soi-même. J’espère juste que ces photos et mes témoignages permettront à d’autres femmes touchées par le cancer du sein, de faire connaissance avec votre association et pourquoi pas d’entamer ou de finir avec vous leur propre reconstruction. J’espère également que cela permettra à un public plus large de porter un autre regard sur la vie, la différence et la féminité. Et puis peu importe les épreuves que la vie dresse sur notre chemin, personne ne les surmontera à notre place. Il suffit parfois de savoir demander ou accepter un peu d’aide pour y parvenir. La vie est imprévisible, parfois moche mais les gens, eux, sont beaux. Et c’est ce qui fait toute la différence…

Merci à votre association Diwali.
Merci Claire, Emilie, Charlène, Nicolas de m’avoir montré le chemin.

[Lien vers l’article publié par l’association autour du projet]

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