Sandrine

Des mots

Posés ici & là, sur le bord…

 

Mon cher Robert,

Tu vas certainement être surpris par cette lettre qui ne ressemble pas aux précédentes.
Aujourd’hui je n’ai pas envie de t’insulter mais plutôt de te dire merci.

Le jour où je t’ai découvert en mon sein, j’ai d’abord pleuré.
Pleuré de peur, pleuré de rage…

Ensuite je me suis révoltée.
Je ne comprenais pas pourquoi tu m’avais choisie pour demeure.
Je n’étais pas plus confortable qu’une autre.

Alors avec de l’aide, j’ai engagé toutes mes forces pour lutter et t’expulser.
Je n’allais pas me laisser envahir.
Et c’est durant ce combat que j’ai compris que j’étais déjà gangrénée avant même ta naissance…

J’avais oublié le gout du chocolat.
J’avais oublié l’odeur du pain chaud.
J’avais oublié la couleur du ciel.
J’avais oublié le chant des oiseaux.
J’avais oublié la caresse du vent sur ma peau.
Et tant d’autres choses encore…

Grace à toi, tous les jours je redécouvre ce que j’appel mes petits bonheurs.
Ceux qui donnent un peu de douceur et de rondeur à la vie.

Comme tu le vois, j’ai bien compris ton message, aussi tu peux maintenant faire tes bagages et libérer les lieux…
Je te promets de ne plus oublier et de savourer chaque minute de la vie.

Signée : Ta logeuse temporaire.

PS : Tu seras gentil de ne pas aller taper l’incruste ailleurs, chez mes copines. Il y a d’autres façons, plus élégantes de leur faire passer le message!

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