Sandrine

Des mots

Posés ici & là, sur le bord…

 

Aujourd’hui, quand je me retourne sur ma vie, je vois bien que le mur est de traviole. Qu’il est fissuré de partout. Pourtant j’en ai passé du temps à tenter de colmater les brèches, à les enfouir sous de bonnes grosses couches de peinture, bien épaisses. Histoire que le mur reste debout quand même. J’en ai essayé des matériaux. Mais d’aussi bonne qualité soient-ils, ça finit toujours par s’écailler et les brèches se ré-ouvrent. Souvent au moment où on s’y attend le moins. Comme pour nous rappeler qu’elles sont toujours là, bien profondes, ancrées, qu’elles font partie de nous. Et puis quand elles nous laissent un peu tranquille on se demande quelle va être la prochaine. Par ce qu’elle est comme ça ma vie, tristement prévisible malgré le coeur que je mets pourtant à l’ouvrage. Alors parfois je doute de la qualité des mes propres fondations.

Certains pensent peut être qu’a force ça nous glisse dessus. Qu’en habitué des accidents de vie on ne ressens plus rien. Et bien c’est tout le contraire, on ressens bien plus et on ne s’habitue pas. On rebondit juste un peu plus vite, un peu plus loin, mais toujours un peu plus cabossé.

Y en a qui disent que que c’est par nos fêlures que rentre la lumière… Foutaise. Une fêlure reste une fêlure. Et ça n’a rien de lumineux. C’est plutôt sombre même. C’est juste qu’on a sans doute un peu plus conscience de la lumière quand elle est là même si sa lueur est faible.

Quant à mes douleurs physiques, je me demande parfois si ce n’est pas tout simplement ma vie qui me ressort par tout les pores.

Parce que quelque soit le nom qu’on leurs donne, nos cicatrices, nos fêlures, nos brèches, nos failles, nos accidents de vie seront toujours là, au plus profond de nous. Bien enfouis parfois, mais toujours là. A se rappeler sans cesse à notre mémoire ou à notre corps. Histoire de ne pas oublier que même si le mur de notre vie est un peu de traviole, c’est le notre et qu’il a le mérite de tenir debout malgrès tout.

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