Je peine à gravir le chemin. Ma cage thoracique devient trop petite. Mon coeur tambourine histoire qu’on lui fasse de la place. Ma montre connecté indique 160 bpm par minute… Dur dur!
Je n’ai jamais été une grande sportive mais faut bien dire que je ne suis plus très active ces dernières années. La maladie d’Eric, les confinements successifs, le télétravail, les excès de sucre et ma boulimie professionnelle ont eu raison du peu de forme que j’avais réussie à récupérer après les traitements. Les seuls kilomètres avalés ces derniers temps avaient plutôt le goût amer d’un trop plein de boulot. Confondant la nuit et le jour; le sucré et le salé; le déjeuner et le dîner; le job et la vie….

Heureusement, Marie, Anne et Hélène sont là, elles s’adaptent à mon rythme ou plutôt elles m’attendent. Leur présence suffit à me booster. Je ne sais pas si elles mesurent la hauteur de leur soutient. Je n’ai jamais aussi bien senti les muscles de mes cuisses que depuis que je n’en ai quasi plus. Resentir l’absence!! En tout cas ces battons de marche sont sans doute la meilleure dépense que j’ai pu faire ces dix dernières années. Je m’y accroche comme une plante à son tuteur.

En même temps ce sac à dos pèse un âne mort (bon en fait je n’en sais rien, je n’en ai jamais porté). Faut dire que le sac à dos d’un photographe, même amateur, c’est quelque chose…
Comme si la qualité du photographe dépendait du matos transporté.

Le paysage est à couper le souffle. Chaque fois que tu poses les yeux sur quelque chose c’est un émerveillement. Une fleur par-ci, un insecte par-là. Un papillon ici, un point de vue là-bas. Me acolytes et moi prenons des positions pas toujours flatteuses. Les amateurs de macro ou de proxy photos nature le savent, nous sommes souvent allongés sur le sol. On n’échappe pas à la règle même au milieu des bouses toutes sèches. Je bois les paroles de Jean-Claude. C’est qu’il en connait un rayon en matière de photo et de nature. C’est si généreux de sa part de partager et d’avoir organisé ce séjour.

En tout cas le paysage, les couleurs, les sujets, cet air pur me font oublier la peine et l’effort. Le spectacle en vaut tellement le coup. Aussi je pourrais mourir là, d’un coeur trop gros de bonheur qu’il finirait par éclater.

L’orage se fait entendre, il est en train de monter tandis que la température tombe. Dire que d’habitude j’écoute cette musique mêlée de tonnerre et de pluie sur un CD. C’est comme le champs des oiseaux ou les bruits de la campagne, ça me ravigote quand je suis en manque de nature. Mais le vivre, sur sa peau et dans sa chair ça n’a pas de prix. C’est tellement jouissif. C’est pour cela que le Pancho est resté dans le sac à dos, pour mieux ressentir le ruissellement de l’eau, les éléments sur ma peau. J’ai chaud, je transpire la vie par tout les pores.

La descente est tout aussi dure que la montée. Mes jambes ne me portent plus, l’acide lactique semble stagner. On dirait un robot mécanique. Mes mouvements sont saccadés. Quand on atteint le village, je manque de tomber à chaque marche. Je pourrais m’assoir là telle une loque mais c’est Michel qui m’accompagne ce coup-ci. Malgré la pluie, il m’attends lui aussi.
Mes amis se relaient auprès de leur petit boulet, ça fait tellement de bien de se sentir épaulé. Ils sont si bienveillants.

Voilà cette ballade qui pourrait sembler banale à certains, moi je l’ai vécu pleinement, intensément, puissamment tout comme ce séjour dans un coin de Cerdagne au milieu des Pyrénées orientales et des ami(e)s….

« Mais l’ancolie heureuse » c’est aussi ces soirées et ces parties de fous rires, ces nuits sans insomnies, cette bonne grosse fatigue, ces pâtes pour un régiment, ces histoires de crème fraîche, ces partages photographiques, ces partages tout court.

Un moment, une parenthèse heureuse que j’aurais aimé partager avec Marilyne et Aurélie, mes Natru’elles.
Voilà l’histoire d’une « Mais l’ancolie heureuse »

PS: L’ancolie commune est une fleur vivace que j’ai pris beaucoup de temps et de plaisir à photographier, la haut sur la montagne, entourée d’ami(e)s. J’aime les vivaces!!! Je me suis sentie l’une d’entre elles…
Vous retrouverez l’un de mes cliché d’ancolie en photo principale de cet article (la première)

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